Interviews
Une saison «gâchée» mais un jardin «préservé»…
Alors que les portes de la Fondation Monet se sont prématurément refermées le 29 octobre, Jean-Marie Avisard, notre chef jardinier, dresse le bilan d’une saison très particulière…
Comment avez-vous, vous et votre équipe, traversé cette saison inédite ?
Avec beaucoup de frustrations ! Toute la saison printanière a été gâchée : nous avions un magnifique jardin qui n’a pu être montré à personne ! Après, il est vrai que ce fut un plaisir pour nous d’y évoluer : c’était plus calme, et plus «facile» d’y travailler que d’habitude…
L’épidémie a-t-elle eu un effet indirectement positif sur le jardin ?
Bien sûr ! Tous les endroits à grande fréquentation -comme le tour des géraniums- et habituellement piétinés par le public ont été préservés. Les oeillets ont été, cette année, superbes alors qu’on les change d’ordinaire tous les quinze jours ! Les iris situés le long des allées en béton n’ont pas été abîmés non plus. Et jamais nous n’avions vu la lavande aussi belle ! D’habitude, elle est taillée mécaniquement et au fur et à mesure par les visiteurs. Le passage du public l’empêche, finalement, de pousser. On peut dire que nous avons eu la chance de voir le jardin tel que Monet le voyait sûrement en son temps !
Si l’on dressait un bilan purement horticole du jardin…
Tout, en général, a bien marché. Nous avons eu une superbe année, notamment grâce à la météo. L’hiver a été très doux et les températures très clémentes. Et, avec l’expérience acquise au fil des saisons, on arrive à mieux comprendre certaines choses et «à faire pousser». Nous avons eu des pélargoniums et des rosiers magnifiques. Les azalées, les tulipes, les iris ont été superbes aussi. Le seul point négatif fut ce problème de puces de terre -également appelées altises des crucifères- qui ont attaqué nos capucines et cléomes. Heureusement, de fortes averses associées à une décoction de feuilles de sureau et absinthe ont eu raison de ces indésirables…. Ce fut l’un des gros soucis de la saison !
Que se passe-t-il en ce début novembre dans le jardin ?
La première semaine, nous avons dépouillé l’allée centrale -arrachage des tubercules de dahlias, des plantes non rustiques….- et commencé à la bêcher. Nous nous sommes également prioritairement occupés des quelques massifs situés, en bas, le long de la route car ils risquent de rester gelés s’il fait très froid. Et nous avons d’ores et déjà commencé à planter les Eremurus, premiers bulbes à être mis en terre ! Au jardin d’eau, une autre équipe s’est attelée à couper les feuilles de nénuphars pour qu’elles ne pourrissent pas dans l’étang.
Et dans les serres ?
Toutes les plantes de printemps -pensées, giroflées…- sont prêtes dans les tunnels. Dans le hangar sont stockés tous nos bulbes visant à être plantés dès que l’on aura fini de tout bêcher. Les plantes qui sont gélives et que l’on veut réutiliser l’année prochaine vont être rempotées et mises à l’abri dans les serres. Le calendrier suit son cours !