Interviews
JEAN-MARIE AVISARD : «Les floraisons printanières sont magnifiques ! »
Les portes de la maison et des jardins de Claude Monet, qui auraient dû rouvrir au public le 1er avril, sont restées closes en raison du contexte épidémique actuel. Témoin privilégié, avec son équipe, des floraisons printanières, notre chef jardinier Jean-Marie Avisard nous guide virtuellement dans les allées de l’écrin givernois !
Le scénario d’avril 2020 se réitère… Quel est l’état d’esprit de l’équipe ?
Nous affichons un peu le même état d’esprit que l’an passé ! Nous sommes tous frustrés de ne pas pouvoir montrer aux visiteurs tout ce que nous avons fait pendant l’hiver. Et l’on est en train de se dire que, comme l’an passé, le public va rater les tableaux et floraisons printaniers. Et c’est tellement dommage ! La frustration est de plus en plus grande mais nous devons composer et faire avec !
Le printemps sonne le réveil de la nature. L’hiver et son lot de températures négatives ont-ils causé des dommages au jardin ?
Nous avons, en effet, traversé une période de gel assez violente vers la fin janvier, avec des températures frisant les moins 7 pendant une semaine. On a recensé quelques dégâts sur les giroflées qui n’étaient plus habituées, depuis quelques années, à avoir si froid ! Nous avons donc enlevé les végétaux qui avaient trop souffert et en avons retaillé d’autres…
Si les visiteurs avaient pu pénétrer dans l’antre givernois en ce début avril, qu’auraient-ils pu y découvrir ?
Les bulbes à floraison printanière -narcisses, tulipes, jacinthes…- assurent le spectacle ! Le tableau phare ? Celui des tulipes roses et myosotis bleus situé devant la maison rose. Des oeillets ont été plantés en bordure de ces massifs. Une photographie datée de 1921 atteste que Claude Monet avait fait ce choix horticole. Les fritillaires impériales dotées de magnifiques fleurs clochettes tombantes commencent à fleurir dans l’allée centrale. Il y a aussi les primevères, déjà bien fleuries, les pensées, les giroflées qui démarrent. Les belles températures de ce début avril ont fait accélérer les floraisons. Reste que, dans l’ensemble, le jardin n’est ni très en avance, ni très en retard !
Le printemps fleurit aussi les arbres et arbustes. Lesquels d’entre eux tirent leur épingle du jeu ?
Les magnolias, avec leurs corolles en tulipes, sont en fleurs au jardin d’eau. Il y en a un blanc au milieu du jardin d’eau et un rose au fond. Ils sont aussi jolis qu’élégants ! Le poirier en bord de route est actuellement en pleine floraison. Tous les arbres à fruits vont commencer à faire leurs fleurs. Les cerisiers sont magnifiques !
Comment le jardin d’eau est-il, en ce début avril, entretenu ?
Actuellement, les jardiniers affectés à cette zone ramassent ce qui remonte du fond. Les feuilles de l’automne se sont, en effet, décomposées dans l’étang pendant l’hiver et remontent dès les premières chaleurs. Cela ressemble à de la vase en surface. Il nous faut donc effectuer un gros travail de nettoyage jusqu’à ce que se réinstalle un équilibre naturel…
Le jardin 2021 accueille-t-il des changements ou innovations ?
Du côté du jardin d’eau, nous avons posé de la mousse au pied du hêtre pourpre. C’est un essai. La pelouse y est toujours très à l’ombre et nous avons longtemps cherché ce que nous pourrions y mettre. Cette mousse gardera l’humidité et engendrera un effet assez naturel. Elle se fond dans l’ambiance et apporte une note zen dans ce décor japonisant. Reste à voir comment elle se comportera dans la saison avec la sécheresse et l’arrosage ! Dans le Clos Normand, nous devrions profiter davantage de la roseraie car la deuxième partie a été plantée l’année dernière. Ce sera splendide au mois de juin. Jusqu’ici, peu de gens l’ont vue ! Enfin, quelques améliorations ont été apportées cette année à notre système d’arrosage automatique. L’an passé, nous avons rencontré un problème avec les altises qui ont mangé les capucines. Il n’existe pas de traitement mais nous nous sommes rendus compte qu’elles n’aimaient pas l’humidité. Nous avons donc installé une rampe d’arrosage par brumisation. Nous espérons que ces mesures nous mettront à l’abri !