Historique
Juillet à l’heure de Claude Monet…
Soucieux d’élargir la géographie de sa peinture, Claude Monet entreprenait, en hiver, printemps et automne, de fructueuses campagnes picturales. Mais l’artiste givernois aimait, durant la saison estivale, planter son chevalet sur ses terres impressionnistes. Plongée dans le passé…
Ne dit-on pas que toute règle a son exception ? A de très rares occasions, Claude Monet désertait, au coeur de l’été, sa terre d’ancrage givernoise. Ainsi s’offre-t-il, en juillet 1888, une escapade à Londres aux côtés du peintre américain John Singer Sargent. Mais la lumière estivale qui caresse son eden normand se révèle plus irrésistible encore…
Lui qui s’est fait construire un hangar en bord de Seine pour y abriter bateaux, chevalets et toiles se régale du potentiel pictural du pays givernois. Durant l’été 1886, c’est sur un talus de l’île aux orties qu’il fait poser sa belle-fille Suzanne. «La femme à l’ombrelle» prend vie ! Après une campagne printanière l’ayant entraîné loin des siens, Claude Monet passe l’été 1887 à peindre «des figures en plein air». Ainsi naissent les toiles «Sous les peupliers, effet de soleil» ou «Dans le marais de Giverny, Suzanne lisant et Blanche peignant….». Trois ans plus tard, il croque les champs de coquelicots et d’avoine mais aussi les îles de Port Villez, un petit village situé à quelques minutes de Vernon. En juillet 1891, c’est en canot que Claude Monet rejoint le bras de Limetz pour peindre les peupliers qui suivent le cours sinueux de l’Epte en bordure du marais communal. Deux ans plus tard, le maître impressionniste reproduit une Meule sur fond de saules. Entre deux coups de pinceau, il surveille les travaux du bassin qui avancent à grands pas ! Soleil et douceur ne sont pas toujours au rendez-vous. Ainsi de juillet 1896, où un temps médiocre contrarie la série des «Matinées sur la Seine» mise en chantier sur l’ile aux orties…
Juillet réserve aussi au clan Monet-Hoschedé de précieux moments de convivialité. Les amis se succèdent, tels Berthe Morisot et Eugène Manet qui, en juillet 1890, font le voyage de Mézy à Giverny en compagnie de Mallarmé. Lorsqu’il est d’humeur joyeuse, Claude Monet accepte d’ouvrir sa porte à des artistes de passage. Ainsi de l’été 1889, lors duquel il accueille un groupe d’Américains composé d’un jeune sculpteur, de l’étudiante Lilla Cabot et de son compagnon Tom Perry… Et, lorsqu’il acquiert, en 1901, une rutilante Panhard & Levassor immatriculée «937-YZ», Claude Monet s’offre, l’été, de petites escapades. Ainsi en 1905 relie-t-il la côte normande et se fait-il photographier sur les galets.
© Claire Joyes
Plus les années défilent, plus juillet devient synonyme de labeur. En 1899, le peintre entame sa première grande série des «Bassins aux nymphéas». Si, en juillet 1901, Claude Monet mène une campagne picturale à Vétheuil et plus précisément à Lavacourt, il ne cesse de resserrer son travail sur le jardin d’eau. Et qu’importe si juillet 1903 est entaché de nombreuses averses ! Appliqué à capturer l’image du ciel se reflétant sur l’étang, le maître givernois ébauche, dès juillet 1914, ses grandes décorations. Vous souvenez-vous de cette séquence du film de Sacha Guitry, «Ceux de chez nous» (été 1915), montrant Claude Monet peignant, sourire aux lèvres et «clope au bec», dans son jardin d’eau ? Le maître impressionniste ne se consacrera plus, dès lors, qu’à ses si chers nymphéas, ses plus fidèles muses estivales…