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Giverny

Dans les coulisses
des jardins de Claude Monet…

Alors que les yeux des visiteurs sont rivés sur le Clos Normand, le jardin d’eau et la maison du maître impressionniste, certains jardiniers s’affairent déjà en coulisses pour préparer le cru 2025. Revue de détails…


Peut-être vous êtes vous déjà aventurés, à quelques enjambées des jardins de Claude Monet, dans la petite rue Hélène Pillon. C’est ici que se nichent les serres, imposantes toitures de verre nimbées d’une atmosphère tiède et propice à la germination. A l’abri des regards, les équipes de production y font naître et grandir les plantes qui agrémenteront, l’an prochain, les massifs des jardins du peintre impressionniste. Dès le début du mois d’août, c’est sur le terrain de culture -situé quelques marches plus haut- que se concentrait une intense activité. Aidés de jeunes saisonniers, des jardiniers s’attelaient au repiquage des plantules de bisannuelles. Semées quelques semaines auparavant, les giroflées ont, comme à l’accoutumée, été plantées en premier sur une moitié de terrain. Les myosotis, pâquerettes et autres juliennes des jardins leur ont emboîté le pas. Ces merveilles grandiront à leur rythme avant de fleurir, au printemps prochain, les jardins de Claude Monet.

Afin de préparer au mieux cette étape, des jardiniers se sont appliqués, dès la fin mars, à égaliser le terrain et broyer les plantes restantes. Fin avril, ils ont passé le tracteur et usé d’un canadien (outil de 3 à 5 dents) pour éliminer les premières mauvaises herbes. Le terrain a ensuite été préparé avec un semis de phacélie, un engrais vert qui fertilise la terre et étouffe les adventices. Après un nouveau passage de tracteur, les jardiniers ont utilisé, à la manière des maraîchers, une machine à vapeur pour désinfecter les sols, c’est à dire détruire les germes pathogènes et éliminer les graines de mauvaises herbes. Agrémenté de lignes d’arrosage programmables, le terrain a ensuite été délimité avec des cordeaux. Tandis que la surface a été décroutée et les gros cailloux évacués, des sillons ont été tracés pour planter en ligne.

Ingrédients indispensables de la palette du peintre, les pensées aux nuances de couleurs toujours plus variées inonderont, l’an prochain, les massifs printaniers. En ce début septembre, elles occupent toutes les pensées des jardiniers ! Préalablement semées en serre, elles n’iront pas sur le terrain de culture car elles se révèlent trop intolérantes aux intempéries. Depuis quelques jours, les jardiniers s’activent à les repiquer sur des plaques de culture d’au moins vingt-quatre alvéoles. Elles seront progressivement placées dans les tunnels, ces abris protégés des ardeurs du soleil mais aussi des pluies battantes. Une étape clé qui mobilise de nombreux jardiniers.

Alors que s’égrènent les derniers jours de l’été, les jardiniers de l’équipe de production se concentrent également sur la réalisation de boutures démarrées en juin. Ils usent, pour ce faire, d’un pied mère, c’est à dire d’un pied mature, sain et vigoureux sur lequel on effectue un prélèvement afin d’obtenir un nouveau pied. Ces boutures seront ensuite placées dans les petites serres du Clos Normand pour parfaire leur enracinement. 140 variétés différentes sont bouturées chaque saison, soit près de 15.000 plantes. La clé de la réussite ? Ne bouturer ni trop tôt, ni trop tard.

Si elle travaille déjà à l’élaboration du cru 2025, l’équipe affectée à la production n’en garde pas moins un oeil sur les jardins de Claude Monet. Malmenées par la foule ou par des variations climatiques, certaines plantes, dont les pélargoniums, ont parfois besoin d’être remplacées. Aussi ces jardiniers entretiennent-ils une réserve de plantes estivales pour remédier à d’éventuels incidents survenus dans les jardins. Une équipe encore et toujours au chevet des plantes…