Claude Monet : une reconnaissance tardive…

Saviez-vous que Claude Monet a commencé à commercialiser son art à l’adolescence ? Alors âgé de quinze ans, il vend entre 10 et 20 francs ses caricatures dans un commerce du Havre. Une somme qui lui paraît considérable !

Installé à Paris dès 1859, Claude Monet fréquente, selon les exigences de son père, l’atelier de Gleyre. S’il remporte un petit succès au Salon en 1865, il fait face à de lourdes difficultés financières. Par bonheur, Frédéric Bazille lui achète Femmes au jardin pour 2500 francs. S’il compte quelques amateurs -en 1868, le peintre cède à Arsène Houssaye Femme à la robe verte pour 800 francs -, Claude Monet, désormais père de famille, peine à nourrir les siens. En 1869, c’est la misère noire. Réfugié à Londres en 1870, Claude Monet y fait la connaissance de Paul Durand-Ruel qui lui achète quelques toiles au prix de 300 francs. Si le marchand d’art lui apporte son soutien, la période 1874-1880 est catastrophique. Les amateurs d’art ne s’intéressent guère à ses oeuvres ! Lors de la vente du 24 mars 1875, les prix d’adjudication des Monet oscillent entre 180 francs et 325 francs. A la vente Hoschedé, le 5 juin 1878, on peut acquérir Jeunes filles dans un massif de fleurs pour 62 francs !

Entre mai et juin 1881, Claude Monet vend 22 toiles à Paul Durand-Ruel. En 1883, il donne même à l’artiste entre 500 et 600 francs pour certains de ses tableaux. Mais les temps difficiles ne sont pas terminés. Sans compter la crise qui grippe le marché de l’art en 1884 et fait chuter les prix de vente des oeuvres de Claude Monet…

1885 sonne l’heure de l’accalmie. Soutenu par Georges Petit, Claude Monet remporte un franc succès à l’exposition internationale. L’année suivante, le peintre parvient à vendre plusieurs toiles dont certaines pour 1200 francs ! De nouveaux marchands dont Boussod et Valadon s’intéressent à son art. Ses conditions de vie s’améliorent !

La période 1886-1890 marque le succès définitif du peintre. En 1889, le marchand d’art Théo Van Gogh réussit à vendre l’une de ses toiles pour 9000 francs ! Succès confirmé en 1891 avec l’exposition de sa série Les Meules. Trois jours après le vernissage, tous les tableaux -entre 3000 et 4000 francs chacun-  sont vendus ! Dans une lettre, Camille Pissarro raconte à son fils Lucien qu’«on ne demande que des Monet et qu’il n’en fait pas suffisamment pour satisfaire la demande !» Lors de l’exposition des Vues de Londres en 1904, les toiles s’arrachent 20.000 francs pièce. Des Américains, mais aussi des Allemands commencent à acheter du Monet. Sa cote grimpe avec l’internationalisation de ses collectionneurs !